Une ruelle sombre à Honfleur
Le hanap d’hypocras pour déjouer le diable,
La ribaude honorée, là, à même la table,
La rimaille en canon contre le vil bourgeois,
Le blasphème en un choeur pour vomir toute foi.
C’est à la «Truie qui pisse», gargote des sans âmes,
Que rêvent les pucelles qui se voudraient Dames,
Que les enfants crasseux, morve sèche aux naseaux,
Volent la moindre miette ou lèchent les couteaux.
C’est au relent du pauvre en une nuit brumeuse,
Que s’échangent les rots et les desseins de gueuses,
Que les rires chantoient pour ne pas en pleurer,
De cette garce vie aux seuls relents fumier.
Dehors sur le pavé poisseux comme un demain,
Un moribond se chauffe à la glace sans tain :
Sa bouche rend un sang noir comme l’avenir
Et un filet de mort noie son dernier désir.
La lune, en un sourire, offre son fier croissant,
Là, se pressent des gueux, claudiquant, vomissant,
La nuit est là, manteau, là des couplent forniquent,
Pour affronter le jour qui ne sera que trique.
Où es-tu Créateur de ce monde pourri ?
Dis-moi, comment fais-tu pour de çà faire fi ?
Mais tu ne réponds pas, alors, d’un coup de dague,
Je m’offre le final à ton odieuse blague.
liedich