Quand le temps n’est que « passe »,
Dans les phares d’la vieille caisse, en bordure du boul’vard,
J’les voyais les nanas, ras l’bonbon, pleines de fard.
Et dans ct’univers glauque aux forts relents d’alcool,
La misère se vautrait, caniveau vitriol.
C‘était monde luxure, faux calice, pas d’pitié,
Où qu’les femmes valent rien, même pas au mont d’piété,
Des Ginette aux seins lourds et aux cuisses souillées,
Qui bradaient pour trois sous leurs envies saccagées,
Un terrain vague d’espoirs, crevés à coup d’talons,
Pour quelques billets gras, gagnés à coup d’satons,
Les ventres défoncés à coup d’mecs dégueulasses,
Qui lâchaient en rotant leur foutre et propos crasses,
A l’arrière d’une bagnole ou bien contre un poteau,
La bouteille dans la poche, pour après, un peu d’eau,
Et la chaîne de l’amour, la tournante du frisson,
Pour même pas un sourire en r’mettant son caleçon.
Et ça durait la nuit jusque lune palisse,
Alors, elles remettaient sur l’cul une pelisse,
Elles s’tapaient un r’montant avant d’rentrer chez Elles,
En s’rapplant leurs quinze ans, quand c’est qu’elles étaient belles.
Dans les phares d’la vieille caisse, au milieu du boul’vard,
Y’en a qui dev’naient hyènes, l’regard genre qu’est hagard,
Quequ’fois, l’Une d’Elles manquait, malade, crevée : qui sait ?
Dès l’lend’main, une nouvelle enfilait le harnais.
Hé, dis-moi, la nana, tu m’fais quoi pour cent balles ?
Tout près, un mec gerbait… Pour c’prix là, carnaval !
Du haut d’mes quinze balais, j’avais les larmes aux yeux,
Jamais, j’les oublierai, mes Oubliées des cieux.
liedich